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LES PLEURS.


Et quand l’eau s’enfuyait, semée
De tant d’heures, de tant de mois,
Sous ma voile sombre et fermée,
D’une vie autrefois aimée
Je ne traînais plus que le poids !

J’osais, au fond de ma misère,
Rêvant sous mes genoux pliés,
Sans haleine pour ma prière,
Murmurer à Dieu : « Dieu, mon père !
Mon père ! vous nous oubliez ! »

« Vous ne donnez repos ni trève,
Ni calme à notre errant esquif
Tantôt échoué sur la grève,
Tantôt emporté comme un rêve,
Perdu dans l’orage ou captif !

» Partout où le malheur l’égare,
Une mère a peur de mourir ;
J’ai peur : j’ose nommer barbare