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LES PLEURS.

Le destin mobile et bizarre
Qui fit mes enfans pour souffrir !

» Qui prendra la rame affligée,
Quand la barque, sans mouvement,
De mon faible poids allégée,
Leur paraîtra vide, changée,
Et sur un plus morne élément ?

» Sans char, sans prêtre, au cimetière
Leur piété me conduira ;
Puis, d’un peu de buis ou de lierre,
Doux monument de sa prière.
Le plus tendre me couvrira !… »

Tout passe ! Et je vis disparaître
L’orage avec l’oiseau plongeur ;
Et sur mon étroite fenêtre
La lune, qui venait de naître,
Répandit sa douce blancheur.

J’étendis mes bras devant elle,
Comme pour atteindre un ami