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LES PLEURS.

Je suis leur écho triste où leur plainte m’arrive :
Près de moi, loin de moi, j’ai des larmes pour eux !

Oh ! que d’êtres charmans étonnés de la terre,
Ne sachant où porter leur ame solitaire,
Malades de la vie, altérés d’en guérir,
Au milieu de leurs jours s’arrêtent pour mourir !

Tu pleurais de l’entrave attachée à tes ailes,
Toi ! replongeant ton vol dans le ciel étoilé,
Sur ton astre tremblant aux pâles étincelles,
Tu consolais tes yeux d’un sommeil envolé.

Eh bien ! ton front brûlant est voilé sous l’argile ;
Ton ame est échappée à sa prison fragile ;
Un tissu délicat se brise sans effort ;
Ainsi l’œuf au soleil éclate après l’orage :
L’ange qu’il enfermait a ressaisi l’essor,
Et ton dernier soupir fut un cri de courage !
Ne demandais-tu pas ce repos virginal ?
Sur ta tombe innocente un oiseau matinal
Ne va-t-il pas verser quelque suave plainte,
Douce comme ta voix, ta douce voix éteinte ?
La rosée, en tombant de ton jeune cyprès,
Ne baigne-t-elle pas ton sommeil calme et frais ?