À ta pure souffrance elle eût jeté ses fleurs ;
De sa lyre voilée elle eût touché ta lyre ;
Et dans ses vers brillans, que de loin j’ose lire,
Ton nom jeune eût vécu, baptisé de ses pleurs !
Tu n’as pas vu Delphine à son adolescence,
Muse qui prit son vol si près de ta naissance,
Que l’on eût dit vos jours nés de la même fleur ;
Sur son front imprégné de gloire et d’innocence,
Tu n’as pu, jeune sainte, apaiser ta douleur.
Non ! l’étoile fuyait. Ton oreille enfantine,
Doucement rappelée au mouvement des flots,
N’aura pas entendu rouler la brigantine
D’une exilée aussi qui chante ses sanglots[1].
Et tu laissas tomber tes larmes poétiques,
Comme un cygne qui meurt, ses sons mélodieux ;
Cris d’ame ! ils font vibrer les feuilles prophétiques
Où s’épanchaient tout bas tes précoces adieux :
Car tu tremblais de vivre, et tu cherchais ta tombe,
Seule, sous un rameau qui n’a pas vu l’hiver ;
D’une vie effleurée, inquiète colombe,
Tu laissas le livre entr’ouvert.
- ↑ Madame Pauline Duchambge.