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LES PLEURS.

Des malheureux ta chanson lumineuse
Traduit les pleurs que le ciel entendra ;
Ah ! sur leur route encor trop épineuse
Sème tes fruits : le temps les mûrira.

Oh ! ne crois pas qu’exilé de la foule,
Tu fus jamais tiède en son souvenir ;
Toujours ton nom, comme un écho qui roule.
Chantait dans l’air, échauffant l’avenir :
Va : l’amour libre est toujours la plus forte !
Et quand nos vœux soulevaient ton lien.
Nos cœurs serrés battaient contre ta porte
Pour écouter les battemens du tien.

Triste, toujours ton immense famille,
Je dis la France, avait soif de tes vers,
En te voyant radieux sous la grille,
Elle a maudit tes juges et tes fers,
Quand tout mourra, leur marbre cinéraire
Sera scellé par le pied du remord :
Toi, si l’on frappe à ta tombe légère,
Tu répondras : « Liberté dans la mort. »