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LES PLEURS.

» Au bruit de la terre endormis,
» Nous couvons nos songes amis :
» Gardez les songes, doux présages !
» Et nous, prophètes de passage,
» Vers notre Dieu laissez-nous fuir :
» Oh ! nous ne souffrons point de cages ;
» Notre aile veut s’épanouir,
» Pour nager au sein des nuages !
» De notre fluide destin,
» Flottant dans l’air pur du matin,
» Vous aurez souvent des nouvelles ;
» Toujours de jeunes hirondelles
» Au printemps descendront des cieux,
» Faisant passer devant vos yeux
» Des souvenirs vivans, des charmes
» Trempés d’espérance et de larmes,
» Qui portent bonheur à l’exil ;
» Toujours quelque invisible fil
» Nous ramènera l’un vers l’autre ;
» Et quand vous n’aurez plus de pleurs
» Pour nos nids cachés dans vos fleurs,
» Notre monde sera le vôtre ! »

Et toi, dont un même rameau
Balança l’œuf frêle et jumeau,
Ange né d’un double mystère,
Sans poser tes pieds à la terre,