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vi

Viens ! j’ai pitié de toi, car ta honte est amère.
Bénis Dieu, sa bonté vient d’éteindre le jour !
Personne ne t’a vu, lâche et méchant !… Écoute :
Pour t’appeler méchant, sais-tu ce qu’il m’en coûte ?
C’est ton nom pour ce soir ; subis-le devant moi.
Va ! personne jamais ne l’entendra que toi.
Personne ne t’a vu d’une bête innocente
Tourmenter l’indolent sommeil,
Et, pour irriter son sommeil,
Lui simuler sa chaîne absente.
...............
...............

Plus tard, à l’âge où l’homme commence à se sentir vivre, où des souffles brûlans lui passent sur le cœur à l’aspect d’une femme, où tout le langage mystérieux de la création ne murmure à son oreille qu’un mot : Amour ! et où son cœur le répète comme un écho à chacun de ses battemens, j’entendis de nouveau cette voix éolienne, tendre et mélancolique, tendre comme celle d’une amante ; cette voix qui disait :

LE PRINTEMPS.

Le printemps est si beau ! sa chaleur embaumée
Descend au fond des cœurs réveillés et surpris ;
Une voix qui dormait, une ombre accoutumée,
Redemande l’amour à nos sens attendris.
La raison vainement à ce danger s’oppose ;