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MARIE.

cette cloche importune, dont le tintement plaintif avait fait tressaillir un infidèle, et jeté la pâleur sur son front rouge d’orgueil.

Le vieux pasteur, qui le matin avait fait orner l’autel de rians symboles, passa silencieux et grave devant la bruyante veillée. Sa tête vénérable était penchée dans l’attitude de la méditation. On devinait, à son maintien recueilli, qu’il venait de bénir un être moins heureux que Lubin.

L’innocente victime fut apportée dans le chœur de l’église, de cette église parée encore des vestiges d’une noce. Sur cette vierge, endormie pour toujours, était posée une couronne d’églantines blanches, comme celles qui brillaient le matin sur le front radieux de l’épousée. La même main qui plaça le voile blanc sur ce front coloré de pudeur et de plaisir, étendit le voile éternel sur l’innocence et la douleur : le triste cortége foula les mêmes fleurs dont