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MARIE.

qu’elle est riche. Ne l’avez-vous point vue hier à la fête ? — Oh ! je ne crois pas, ma mère, avoir remarqué la plus riche. — Mais seriez-vous content de la servir ? — Je le serai, Geneviève ; et charmé aussi de vous devoir sa préférence. — Écoutez donc bien ce que je vais vous dire. Ce n’est plus fête aujourd’hui. Marie est aussi matinale que le soleil ; vous la trouverez aux champs. Dites-lui que Geneviève lui veut apprendre une nouvelle. — Oh ! oui, ma mère, je l’aime mieux ainsi. — Courez donc, berger. Et le berger prit sa course vers le champ de Marie, que la bonne vieille lui indiqua de la main.

« Non, disait-il en lui-même, je n’ai pas remarqué la plus riche. Celle que j’ai vue hier, que j’ai revue en dormant cette nuit, est aussi simple, aussi pauvre que moi. J’ai lu dans ses yeux qu’elle est la plus douce, la plus timide des bergères. Elle est ainsi parce qu’elle est pauvre, sans doute. Les