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MARIE.

elle en mit dans sa collerette, elle en assembla d’autres en bouquet ; on voyait bien, à son sourire caressant, sur quel cœur il devait se reposer.

Ce jour passa, il n’avait pas eu un nuage. Ah ! Marie ! n’en souhaitez pas la fin : il est si pur ! si c’était le dernier ?

Marie, dans la plus tendre ivresse, courut enfin au bocage. La campagne se reposait de la chaleur du jour. Vers le soir, le silence des champs est si expressif, il dit mille choses qui pénètrent le cœur, et Marie les entendait. Le soleil brûlait encore ; par degrés il brûla moins ; puis il pâlit, puis il s’effaça ; ce ne fut que lorsqu’on ne vit plus que le nuage rouge qui le suit à l’horizon, que la bergère en détourna ses yeux éblouis ; ils parcoururent en vain la grande prairie, elle n’y vit que quelques bergers qui déjà regagnaient le hameau. Elle porta la main sur son cœur oppressé : il faut croire qu’il l’était beaucoup, car elle parlait ainsi tout