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SARAH.

donner tous, et qui meurt quelquefois de douleur de n’en plus trouver pour nous rendre contens. » Ses yeux se fixèrent sur la petite fille, avec l’expression d’un triste souvenir. « Je t’appellerai donc ma mère, s’écria-t-elle, car tu as fait tout cela pour moi ! » Arsène n’osait plus rien dire ; et Sarah, dont les idées se succédaient avec rapidité, poursuivit :

« Mais toi, qui pleures ta mère, tu as donc été tout petit, bon Arsène ? — Oui, dit-il, et j’étais faible comme un jeune chevreau qui n’a qu’un jour : alors une tendre mère me portait sur son sein, me couvrait de baisers et m’apprenait à marcher. Quand je sus marcher, je courus d’abord autour d’elle, puis je m’aventurai tout seul pour aller chercher moi-même des fruits, afin de lui en donner à mon tour. Des hommes qui ressemblaient à Silvain abor-