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IDYLLES.

« Ô Daphnis ! si la parure
Me rendait belle à tes yeux,
J’apprendrais, dans l’onde pure,
À tresser mes longs cheveux.
J’irais supplier mon père
De m’accorder, pour un jour,
Le ruban qu’avait ma mère,
Quand il lui parla d’amour.
Je cultiverais des roses
Pour les cueillir avec toi ;
J’inventerais mille choses
Pour t’attirer près de moi.
Hélas ! ma triste espérance
Néglige un frivole soin ;
Si j’avais ta ressemblance,
Je n’en aurais pas besoin !
Tes yeux bleus ont une flamme
Pareille aux astres tremblants ;
Leurs rayons pénètrent l’âme :
Les miens sont noirs et brûlants
Sur ton front ta chevelure
Forme un gracieux bandeau ;
La mienne ombre ma ceinture
Quand je quitte mon chapeau.
Comme des feuilles dorées
Se balancent sur les fleurs,
Sous mille boucles cendrées
Brillent tes vives couleurs.
Le jeune orme est ton image,
Et (tout me parle aujourd’hui !)
Au lierre il prête un ombrage :
Je suis faible comme lui ;