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Faites grâce, du moins, à l’innocent délire
Qui m’apprend, sans effort, à moduler des vers.
Seule, je suis pourtant moins seule avec ma lyre ;
Quelqu’un m’entend, me plaint, dans l’univers !





À DÉLIE


II


Par un badinage enchanteur,
Vous aussi, vous m’avez trompée !
Vous m’avez fait embrasser une erreur :
Légère comme vous, elle s’est échappée.
Pour me guérir du mal qu’Amour m’a fait,
Vous avez abusé de votre esprit aimable ;
Et je vous trouverais coupable,
Si je pouvais en vous trouver rien d’imparfait.
Je l’ai vu cet amant si discret et si tendre ;
J’ai suivi son maintien, son silence, sa voix :
Ai-je pu m’abuser sur l’objet de son choix ?
Ses regards vous parlaient, et j’ai su les entendre.
Mon cœur est éclairé, mais il n’est point jaloux.
J’ai lu ces vers charmants où son âme respire ;
C’est l’amour qui l’inspire,
Et l’inspire pour vous.

Et moi, pour vous aussi je veux être la même :
Non, vous n’inspirez pas un sentiment léger ;