UN RUISSEAU DE LA SCARPE.
Oui, j’avais des trésors… j’en ai plein ma mémoire.
J’ai des banquets rêvés où l’orphelin va boire.
Oh ! quel enfant des bleds, le long des chemins verts,
N’a, dans ses jeux errants, possédé l’univers ?
Emmenez-moi, chemins !… Mais non, ce n’est plus l’heure,
Il faudrait revenir en courant où l’on pleure,
Sans avoir regardé jusqu’au fond le ruisseau
Dont la vague mouilla l’osier de mon berceau.
Il courait vers la Scarpe en traversant nos rues
Qu’épurait la fraîcheur de ses ondes accrues ;
Et l’enfance aux longs cris saluait son retour
Qui faisait déborder tous les puits d’alentour.
Écoliers de ce temps, troupe alerte et bruyante,
Où sont-ils vos présents jetés à l’eau fuyante ?
Le livre ouvert, parfois vos souliers pour vaisseaux,
Et vos petits jardins de mousse et d’arbrisseaux ?