Aller au contenu

Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mots qu’ils inuenteront, mais qui ne ſeront ny meilleurs ny plus propres que les noſtres ; au contraire, les noſtres, ayant eſté ainſi inuentez au commencement, ont eſté depuis & ſont tous les | iours corrigez & adoucis par l’vſage, qui fait plus en ſemblables 5 choſes, que ne ſçauroit faire l’entendement d’vn bon eſprit.

2. Ce qui fait que vous voyez deux chandelles eſtant couché, c’eſt que les axes viſuels ne s’aſſemblent pas où eſt la chandelle. Si vous en voyez 10 dauantage, c’eſt éblouïſſement de la veuë.

3. Ie vous auois deſia écrit[1] que c’eſt autre choſe, de dire qu’vne conſonance eſt plus douce qu’vne autre, & autre choſe de dire qu’elle eſt plus agreable. Car tout le monde ſçait que le miel eſt plus doux que 15 les oliues, & toutesfois force gens aimeront mieux manger des oliues que du miel. Ainſi tout le monde ſçait que la quinte eſt plus douce que la quarte, celle-cy que la tierce majeure, & la tierce majeure que la mineure ; & toutesfois il y a des endroits où la 20 tierce mineure plaira plus que la quinte, meſme où vne diſſonance ſe trouuera plus agreable qu’vne conſonance.

4. Ie ne connois point de qualitez aux conſonances qui répondent aux paſſions. 25

5. Vous m’empeſchez autant de me demander de combien vne conſonance eſt plus agreable qu’vne autre, que ſi vous me demandiez de combien les fruits me fſnt plus agreables à manger que les poiſſons. 30

  1. Lettre XVII, p. 108, l. 16.