Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/364

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comme ie me haſtay en l’écriuant, ſuiuant ma negligence ordinaire, qui me fait | touſiours différer iuſques à l’heure que le Meſſager eſt preſt de partir, ie m’oubliay d’y mettre l’addreſſe par où on me pourroit faire réponſe, ce qui me contraint de vous importuner 5 derechef d’y en faire tenir vne.

Si l’obſeruation du phainomene de Rome que vous me mandez auoir, & qui eſt écrite de la main de Scheiner, eſt plus ample que ce que vous m’en auez autresfois enuoyé, vous m’obligerez ſi vous prenez 10 la peine de m’en enuoyer vne copie[1].

Si vous ſçauez quelque autheur qui ait particulierement recueilly les diuerſes obſeruations qui ont eſté faites des Cometes, vous m’obligerez auſſi de m’en auertir ; car depuis deux ou trois mois, ie me ſuis engagé 15 fort auant dans le Ciel ; & aprés m’eſtre ſatisfait touchant ſa nature & celle des Aſtres que nous y voyons, & pluſieurs autres choſes que ie n’euſſe pas ſeulement oſé eſperer il y a quelques années, ie ſuis deuenu ſi hardy, que i’oſe maintenant chercher la cauſe de la 20 ſituation de chaque Eſtoile fixe. Car encore qu’elles paroiſſent fort irregulièrement éparſes çà & là dans le Ciel, ie ne doute point toutefois qu’il n’y ait vn ordre naturel entr’elles, lequel eſt régulier & determine ; & la connoiſſance de cet ordre eſt la clef & le 25 fondement de la plus haute & plus parfaite ſcience, que les hommes puiſſent auoir, touchant les choſes materielles ; d’autant que par ſon moyen on pourroit connoiſtre à priori toutes les diuerſes formes & eſſences des cors terreſtres, au lieu que, ſans elle, il 30

  1. P. 245, l. 21.