Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/651

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qu’il n’y avait rien à changer au texte de Morin, celui-ci l’ayant remis lui-même à Clerselier pour l’imprimer (voir notre introduction et Gers., I, préf.). — Baillet (I, 356) fournit cette indication : « Le Père Mersenne semblait avoir joint quelques-unes de ses difficultez avec les objections de M. Morin. » (Voir la Lettre CXXXIV ci-après, du 1er  août 1638). La réponse de Descartes ne fut envoyée que le 13 juillet (Lettre CXXVII ci-après).

Monſieur,

Dés l’heure que j’eus l’honneur de vous voir & de vous connoiſtre à Paris, ie jugé que vous auiez vn eſprit capable de laiſſer quelque choſe de rare & 5 d’excellent à la poſterité ; & me ſuis grandement réjouy d’auoir vû reüſſir mon jugement par le beau liure que vous auez mis en lumiere ſur des ſujets de Mathematique et de Phyſique, qui ſont auſſi les deux principaux objets de mes ſpeculations naturelles. Mais 10 comme, en ce qui eſt de la Mathematique, vous n’aurez que des gens à admirer la ſublimité de voſtre eſprit, auſſi, en ce qui eſt de la Phyſique, i’eſtime que vous ne ſerez pas étonné, s’il ſe trouue des perſonnes à vous contredire. Car vous eſtant reſerué la connoiſſance des 15 principes & notions vniuerſelles de voſtre Phyſique nouuelle (dont la publication eſt paſſionnement deſirée de tous les doctes) & ne fondant vos raiſonnemens que ſur des comparaiſons, ou ſupoſitions, de la verité deſquelles on eſt pour le moins en doute, ce ſeroit 20 pecher contre le premier precepte de voſtre methode qui eſt tres-bon, & qui m’eſt familier, que d’acquieſcer

2 Dés… j’eus] Ie n’eus pas plutoſt. — 3 Paris,] que aj. — 5 et] ie aj. — 6 d’auoir vû reüſſir] de ne m’eſtre pas trompé dans. — par] aprés auoir veu. — 13 à] qui oſent.