Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/666

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matiere ſubtile ce mouuement rectiligne de l’air en l’eau, il faudra auſſi que vous le donniez en l’air de plus haut, & ainſi à l’infiny, ſi vous nosup que cette matiere fort meſme des corps lumineux : ce qui non ſeulement eſt contre voſtre page 5 de la 5 Dioptrique, où vous dites qu’il n’eſt pas beſoin de ſupoſer qu’il paſſe quelque choſe de materiel depuis les objets iuſques à nos yeux, pour nous faire voir les couleurs & la Lumiere, mais meſme repugne au ſens & à la raiſon. Car qui eſt l’homme de bon ſens qui dira que 10 d’vn ver luiſant, ou d’vne étincelle de feu, il puifle fortir de la matiere pour remplir toute la ſphere, dont l’vn ou l’autre ſe peut voir auec d’excellentes lunettes de voſtre inuention, ſans la totale diſſipation du ver luiſant, quand meſme il ſeroit mille fois plus gros 15 qu’il n’eſt, quelque ſubtile qu’en fuſt l’éuaporation ? Et neantmoins il ne ſe diſſipe point, bien que de | minute en minute d’heure on le changeaſt en diuerſes ſpheres, leſquelles il rempliroit en meſme façon. En ſecond lieu, ſi cette matiere ſubtile, ou ces petites boules 20 qui en ſont les parties, auoient ce mouuement rectiligne, elles ne pourroient par leur mouuement tranſmettre l’action de la Lumiere du Soleil & des Etoiles en vn inſtant, contre ce que vous-meſme aſſurez en la page 44 de voſtre Methode ; car aucun corps naturel 25 ne peut trauerſer vn eſpace que ſucceſſiuement vne partie après l’autre. Voire la meſme choſe ſe déduit neceſſairement de voſtre page 259, où vous dites que la nature des couleurs apparentes & cauſées par la Lumiere ne conſiſte qu’en ce que les parties de la 30

3 ne concedez] n’accordez.