Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/677

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendre que mes ſentimens plus particuliers touchant la Lumiere | ſoient publiez, ce ſeroit peut-eſtre attendre long-temps. Quant à ce que i’ay ſupoſé au commencement des Meteores, ie ne le ſçaurois demonſtrer 5 à priori, ſinon en donnant toute ma Phyſique ; mais les experiences que i’en ay deduites neceſſairement, & qui ne peuuent eſtre deduites en meſme façon d’aucuns autres principes, me ſemblent le demonſtrer aſſez à poſteriori. I’auois bien preuû que cette façon d’écrire 10 choqueroit d’abord les lecteurs, & ie croy que i’euſſe pû aiſement y remedier, en oſtant ſeulement le nom de ſupoſitions aux premieres choſes dont ie parle, & ne les declarant qu’à meſure que ie donnerois quelques raiſons pour les prouuer ; mais ie vous diray 15 franchement que i’ay choiſi cette façon de propoſer mes penſées, tant pource que croyant les pouuoir deduire par ordre des premiers principes de ma Metaphyſique, i’ay voulu negliger toutes autres ſortes de preuues ; que pource que i’ay deſiré eſſayer ſi la ſeule 20 expoſition de la vérité ſeroit ſuffiſante pour la perſuader, ſans y méfier aucunes diſputes ny refutations des opinions contraires. En quoy ceux de mes amis qui ont lû le plus ſoigneuſement mes traittez de Dioptrique & des Meteores, m’aſſurent que i’ay reüſſi : car 25 bien que d’abord ils n’y trouuaſſent pas moins de difficulté que les autres, toutesfois après les auoir lûs & relûs trois ou quatre fois, ils diſent n’y trouuer plus aucune choſe qui leur ſemble pouuoir eftre reuoquée en doute. Comme en effet il n’eſt pas touſiours neceſſaire 30 d’auoir des raiſons à priori pour perſuader vne verité ; & Thales, ou qui que ce ſoit, qui a dit le pre-