Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/678

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mier que la Lune reçoit ſa lumiere du Soleil, n’en a donné ſans doute aucune autre preuue, ſinon qu’en ſupoſant cela, on explique fort aiſement toutes les diuerſes faces[1] de ſa lumiere : ce qui a eſté ſuffiſant pour faire que, depuis, cette opinion ait paſſé par le 5 monde ſans contredit. Et la liaiſon de mes penſées eſt telle, que i’oſe eſperer qu’on trouuera mes principes auſſi bien prouuez par les conſequences que i’en tire, lors qu’on les aura aſſez remarquées pour ſe les rendre fami|lieres, & les conſiderer toutes enſemble, que 10 l’emprunt que la Lune fait de ſa lumiere eſt prouué par ſes croiſſances & décroiſſances.

Ie n’ay plus à vous répondre que touchant la publication de ma Phyſique & Metaphyſique, ſur quoy ie vous puis dire en vn mot, que ie la deſire autant ou 15 plus que perſonne, mais neantmoins auec les conditions ſans leſquelles ie ſerois imprudent de la deſirer. Et ie vous diray auſſi que ie ne crains nullement au fons qu’il s’y trouue rien contre la foy ; car au contraire i’oſe me vanter que iamais elle n’a eſté ſi fort 20 appuyée par les raiſons humaines, qu’elle peut eſtre ſi l’on ſuit mes principes ; & particulierement la Tranſubſtantiation, que les Caluiniſtes reprennent comme impoſſible à expliquer par la Philoſophie ordinaire, eſt tres-facile par la mienne. Mais ie ne voy aucune 25 aparence que les conditions qui peuuent m’y obliger s’accompliſſent, au moins de long-temps ; & me contentant de faire de mon coſté tout ce que ie croy eſtre de mon deuoir, ie me remets du reſte à la prouidence qui regit le monde ; car ſçachant que c’eſt elle qui m’a 30

  1. Lire phases ?