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on ne trouve plus que corps (f. 42 recto, l. 21, du 23 novembre 1646 ; et f. 44 recto, l. 15, verso, l. 3 et 11, du 26 avril 1647) ; faut-il en conclure que l’orthographe corps l’avait à la longue emporté sur cors ? — Un cas, en revanche, où Descartes n’a jamais écrit ni le p, ni l’m qui le précède, c’est celui de conte et conter, mesconte et mesconter, que nous écrivons aujourd’hui, sans être choqués des trois consonnes de suite, compte et compter, mécompte et mécompter.

3° Pour en finir avec cette question de la lettre s à la fin des mots, disons que Descartes tantôt la maintient, tantôt la supprime dans certains adverbes, assez raisonnablement ce semble. C’est ainsi qu’il écrit constamment tousiours et desia : en effet, n’ayant pas le j à sa disposition, comment aurait-il écrit autrement ? Il écrit toutesfois et toutefois (f. 48 recto, l. 3 et 19) ; mais le premier est rare, et il préfère le second, contrairement aux imprimeurs de son temps. Il écrit plutost, qu’on imprimait plustost ; et quand il conserve l’s, c’est qu’il écrit les deux mots séparés, comme la plus part. Enfin, on trouve encores et encore (f. 48 recto, l. 3 et 19, novembre 1629) ; mais le second l’emporte bientôt.

IV. — CONSONNE S.


(Seconde fonction.)

La consonne s, jointe aux voyelles ou diphtongues a, ai, e, i, o, oi, u, ou, leur donnait un son particulier, que nous marquons aujourd’hui par un accent, en supprimant l’s. Examinons successivement les cas qui correspondent à l’accent circonflexe, à l’accent aigu, à l’accent grave., et nous serons ainsi amenés à parler de l’accentuation de Descartes.

1° Aujourd’hui nous remplaçons d’abord par un accent circonflexe l’s après les voyelles a, i, u, au passé défini (première et deuxième personne du pluriel) et à l’imparfait du subjonctif de tous les verbes. Descartes écrivait donc, ainsi qu’on devait s’y attendre, vous me mandastes, vous m’enuoyastes (f. 17 verso, l. 28 et 39), qu’il proposast, etc.