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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/407

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m, 634-635. CCXLV. — Juillet 1641. jçç

Apres cela, ie fuis obligé de vous dire que voftre amy n'a nullement pris mon fens, lors que, pour mar- quer la diftindion qui efl entre les idées qui font dans la fantaifie, & celles qui font dans l'efprit^ il dit que 5 celles-là s'expriment par des noms, & celles-cy par des proportions ^ Car, qu'elles s'exprijment par des noms ou par des propofitions, ce n eft pas cela qui fait qu'elles appartiennent à l'efprit ou à l'imagina- tion ; les vnes & les autres fe peuuent exprimer de ces

10 deux manières ; mais c'efl la manière de les conceuoir qui en fait la différence; en forte que tout ce que nous conceuons fans image efl vne idée du pur efprit, & que tout ce que nous conceuons auec image en efl vne de l'imagination. Et comme les bornes de noflre

i5 imagination font fort courtes & fort eflroites, au lieu que noflre efprit n'en a prefque point, il y a peu de chofes, mefme corporelles^, que nous puiffions imagi- ner, bien que nous foyons. capables de les conceuoir. Et mefme toute cette fcience que l'on pourroit peut-

20 eflre croire la plus foûmife à noflre imagination, parce qu'elle ne confidere que les grandeurs, les figures & les mouuemens, n'efl nullement fondée fur fes fan- tofmes, mais feulement fur les notions claires & di- flinéles de noflre efprit ; ce que fçauent affez ceux qui

25 font tant foit peu approfondie.

Mais par quelle indudion a-t'il pu tirer de mes écrits, que l'idée de Dieu fe doit exprimer par cette propofition Dieu cxijle, pour conclure, comme il a fait, que la principale raifon dont ie me fers pour prouuer

3o fon exiflence, n'efl rien autre chofe qu'vne pétition de

a. Voir ci-avant p. 376, 1. 23, et p. 377, \. 2-8.

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