Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/487

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1, 48i. CCLXII, — 19 Janvier 1642. 475

en moy, &. ce per abjîractionem intelleclùs, ceft à dire, en détournant ma penfée dVne partie de ce qui efl compris en cete idée plus ample, pour l'applicquer d'autant mieux & me rendre d'autant plus attentif à 5 l'autre partie. Ainfy, lors que ie conlidere vne figure, fans penfer à la fubftance ny à Fextenfion dont elle efl figure, ie fais vne abflradion d'efprit que ie puis ayfément reconnoiflre par après, en examinant fi ie n'ay point tiré ceté idée que i'ay, de la figure feule,

10 hors de quelque autre idée plus ample que i'aye aufTy en moy, à qui elle foit tellement iointe que, bien qu'on puiiTe penfer à l'vne, fans auoir aucune attention à l'autre, on ne puifTe touttefois la nier de cete autre, lorfq'u'on penfe à touttes deux. Carie voy clairement

i5 que l'idée de la figure eft ainfy iointe à 1 idée de l'ex- tenfion c^ de la fubflance, vu qu'il efl impofTible que ie conçoiue vne figure, en niant qu'elle ait vne extenlion, ny vne extenfion, en niant qu'elle foit l'extenfion d'vne fubflance. Mais l'idée d'vne fubflance eflenduë

20 & figurée efl complète, à caufe que ie la puis conce- uoir toutte feule, & nier d'elle touttes les autres chofes dont i'ay des idées. Or il efl, ce me femble, fort clair que l'idée que i'ay d'vne fubflance qui penfe, efl com- plète en cete façon, & que ie n'ay aucune autre idée

25 qui la précède en mon efprit, & qui luy foit tellement iointe, que ie ne les puifTe bien conceuoir en les niant

I ce] fi ie ne l'en ay point auparauant, &, — ii foit] eft. —

tirée. — 3 plus ample] complète. 1 3 on ne] qu'on. — 14 toutes les

— 5 Ainly] Comme. — 6 l'exten- deux. — 17 ait vne] ait aucune,

fion] la quantité. — 9-1 1 feule... — 18 ny vne extenfion] &. —

moy] de quelqu'autre que i'ay eu 25 en mon efprit qui la précède.

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