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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/146

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mon entendement & de ſuiure le bien qu’il connoit. C’eſt a cette volonté que ie dois l’intelligence de vos œuures, qui ne ſont obſcures qu’a ceux qui les examinent par les principes d’Ariſtote, ou auec fort peu de ſoin, comme les plus raiſonnables de nos docteurs en ce païs m’ont auoué qu’ils ne les eſtudioient[1] point, parce qu’ils ſont trop vieux pour commencer vne nouuelle methode, ayant vſé la force du corps & de l’eſprit dans la vieille.

Mais ie crains que vous retracterez, auec iuſtice, l’opinion que vous euſtes de ma comprehenſion, quand vous ſaurez que ie n’entens pas comment l’argent vif ſe forme, ſi plein d’agitation & ſi pefant tout enſemble, contraire[2] a la definition que vous auez fait de la peſenteur ; &, encore que le corps E, dans la figure de la 225e page, le preſſe, quand il eſt deſſous, pourquoy ſe reſſentiroit-il de cette contrainte, lorsqu’il eſt au deſſus, plus que ne fait l’air en ſortant d’vn vaiſſeau ou il a eſté preſſé ?

La ſeconde difficulté que i’aye trouuée eſt celle de faire paſſer ces particules, tournées en coquilles, par le centre de la terre, ſans eſtre pliées ou defigurées par le feu qui s’y trouue, comme ils le furent du commencement pour former le corps M. Il n’y a que leur viteſſe qui les en peut ſauuer, & vous dites, dans la page[3] 133 & 134, qu’elle ne leur eſt point neceſſaire pour aller en ligne droite, &, par conſequent, que ce ſont les parties les moins agitées du premier element qui s’ecoulent ainſi par les globules du ſecond. Ie m’eſtonne pareillement qu’ils prennent vn ſi grand tour, en ſortant des poles du corps M, & paſſent par la ſuperficie de la terre, pour retourner a

  1. eſtudioient] étudieroient.
  2. contraire] contrairement.
  3. la page] les pages