Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/342

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p8 Correspondance. i, 155-1 56.

auflî, fans que le fang foit corrompu, il fe peut faire qu'il ne contienne que peu ou point de telle liqueur, ce que ie croy arriuer à ceux qui ont efté fort long- temps fans manger. Car on dit qu'ils cefient d'auoir faim après quelques iours; dont la raifon ell que toute 5 cette liqueur peut eilre fortie hors du pur fang, & s'eftre exhalée en fueur, ou par tranfpiration infen- fible, ou en vrine, pendant ce temps-là. Et cela con- firme l'hiftoire d'vn homme qu'on dit auoir conferué fa vie trois femaines fous terre fans rien manger, en lo beuuant feulement fon vrine : car, eftant ainû enfermé fous terre, fon fang ne fe diminuoit pas tant par la tranfpiration infenfible, qu'il euft fait en l'air libre.

le croy aufli que la foif eft caufée de ce que la fero- fité du fang, qui a coutume de venir par les artères ' 5 en forme j d'eau vers l'eftomac & vers le gofier, & ainfi de les humeder, y vient aufli quelquefois en forme de vapeur, laquelle le defleche, & par mefme moyen agite fes nerfs, en la façon qui eft requife pour exciter en lame le defir de boire. De façon qu'il n'y a pas 2 ° plus de différence entre cette vapeur qui excite la foif, & la liqueur qui caufe la faim, qu'il y a entre la fueur, & ce qui s'exhale de tout le cors par tranfpira- tion infenfible.

Pour la caufe générale de tous les mouuemens qui * 5 font dans le monde, ie n'en conçoy point d'autre que Dieu, lequel, dés le premier inftant qu'il a créé la matière, a commencé à mouuoir diuerfement toutes fes parties, & maintenant, par la mefme a&ion qu'il conferué cette matière, il conferué aufli en elle tout 3o autant de mouuement qu'il y en a mis. Ce que i'ay

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