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OEuvREs DE Descartes.

165 SECONDES OBIECTIONS

Recueillies par le R. P. Merfenne de la bouche de diuers Théologiens & Philofophes.

Moufieiir, Piiifque, pour confondre les notiueaux Geans du Jîecle, qui ofent attaquer l'Auteur de toutes chofes, vous aue^ entrepris d'en affermir le trône en demon/Irant fon exijlence,\& que vojîre dejfein femble fi bien conduit, que les g-ens de bien peuuent efperer qu'il ne Je trouuera déformais perfonne qui, après auoir leu atientiuement vos Méditations, ne confejfe qu'il j' a me diuinité éternelle de qui toutes chofes dépen- dent, nous auons iugé à propos de vous auertir & vous prier tout en- femble, de répandre encore fur de certains lieux, que nous vous mar- querons cj--apres, vue telle lumière, qu'il ne rejle rien dans tout vojîre 156 ouurage, qui ne \ foit, s'il cji poffible, tres-clairement & tres-manife- fement démonjlré. Car, d'autant' que depuis plufieurs années vous auei, par de continuelles méditations, tellement exercé vq/lre efprit, que les cliofes qui femblent aux autres obfcures & incertaines, vous peuuent paroi/ire plus claires, & que vous les conceue\ peut-eftre par vne fimple infpeâion de l'efprit, fans j'ous aperceuoir de l'obfcurité que les autres j- trouuent, il fera bon que vous fo}'e\ auertj- de celles qui ont befoin d'ejîre plus clairement & plus amplement expliquées & demonjfrées, & lorfque vous nous ,aure\ Jatisfait en cecy, nous ne iugeons pas qu'il r ait guieres perfonne qui puijj'e nier que les raifons, dont vous auei commencé la deduâion pour la gloire de Dieu & l'vti- lité du public, < ne^> doiuent e/ire prifes pour des demonflrations. Premièrement, ;'oz/5 vous refjouuiendre^ que ce n'ejl pas aâuelle- ment & en vérité, mais feulement par vnejiâion de l'efprit, que vous aue\ rejette, autant qu'il vous a e/té poffible, les idées de tous les corps, comme des chofes feintes ou des fantofmes trompeurs, pour conclure que vous efîie\ feulement vne chofe qui penfe; de peur qu'après cela vous ne crorie- peut-ejlre que l'on puiffe conclure qu'en effeâ & fans fiéiion vous n'ejîes rien autre chofe qu'im efprit, ou vne chofe qui penfe; ce que nous auons feulement trouué digne d'obferualion tou- chant vos deux premières Méditations, dans lefquelles \ vous faites

a. « ne » omis (;"■ édit.). rétabli (i"' édit. et suiv.). h, « croyez » {i" et 3' edii.j.

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