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I02 OEuvRES DE Descartes. 128-129.

166 I REPONSES DE L'AVTEVR

AVX SECONDES OBJECTIONS

recueillies de plufieiirs Théologiens & Philojophes par le R. P. Merjenne.

Meffieurs,

C'eft auec beaucoup de fatisfadion que i'ay leu les obferuations que vous auez faites fur mon petit traité de la première Philofo- phie; car elles m'ont fait connoiftre la bien-veillance que vous auez pour mcy, voftre | pieté enuers Dieu, & le foin que vous prenez pour l'auancement de fa gloire; & ie ne puis que ie ne me rejoLiiffe, non feulement de ce que vous auez iugé mes raifons dignes de voftre cenfure, mais auffi de ce que vous n'auancez rien contre elles, à quoy il ne me femble que ie pouray répondre affez commodément.

En premier lieu, vous m'auertiffez de me refTouuenir : Que ce

167 ii'ejt pas aâuellement & en verilé, mais \ feulement par me Jidion de l'e/pril, que i'ay rejette les idées ou les fantômes des corps, pour conclure que ie fuis me chofe qui penfe, de peur que peul-eftre ie n'eflime qu'il fuit de là que ie ne fuis qu'vne chofe qui penfe. Mais i'ay défia fait voir, dans ma féconde Méditation, que ie m'en eftois affez fouuenu, veu que i'y ay mis ces paroles : Mais aujji peut-il arriuer que ces niefmes chofes que ie fupofe n'eftre point, parce qu'elles me font inconnues, ne font point en effeâ différentes de moy que ie connois : ie n'eu fça)- rien, ie ne difpute pas maintenant de cela, &c., par lefquelles i'ay voulu expreifemcnt aduertir le Lecteur, que ie ne cherchois pas encore en ce lieu-là fi l'efprit eftoit différent du corps, mais que i'examinois feulement celles de fes proprietez, dont ie puis auoir vne claire & affeurée connoiffance. Et, d'autant que i'en ay là remarqué plufieurs, ie ne puis admettre fans diftinc- tion ce que vous adioutez enl'uite : Que ie ne fçay pas Jieantmoins ce que c'efl qu'vne chofe qui penfe. Car, bien que i'auoiie que ie ne fçauois pas encore fi cette chofe qui penfe n'eftoit point différente du corps, ou fi elle l'eftoit, ie n'auoiie pas pour cela que ie ne la connoiffois point; car qui a iamais tellement connu aucune chofe, qu'il fceuft n'y auoir rien en elle que cela mefme qu'il connoiffoit? Mais nous penfons d'autant mieux connoiftre vne chofe, qu'il y a plus de particularitez en elle que nous connoiffons; ainfi nous auons plus

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