i^o Œuvres de Descartes. 168-169.
��216 II Proposition TROISIEME.
L'exiftence de Dieu eft encore démontrée de ce que nous-mefmes, q^ui auons en nous ion idée, nous exilions.
Démonji ration.
Si i'auois la puillance de me conlcruer moy-melme, i'aurois auffi, à plus forte raitbn, le pouuoir de me donner toutes les per- fedions qui me manquent (par l'axiome 8 & 9); car ces perfections ne font que des attributs de la fubftance, & moy ie fuis vne fub- Itance.
Mais ie n'ay pas la puiHancc de me donner toutes ces perfedions ; car autrement ie les poffederois des-ja (par l'axiome 7).
Doncques ie n'ay pas la puillance de me conferuer moy-mefme.
En après, ie ne puis cxiller fans eltre conferué tant que i'exiite, Ibit par moymcfme, fupofé que l'en aye le pouuoir, foit- par vn autre qui ait cette puilfance (par l'axiome i &. 2).
Or elt-il que l'exilk, & toutesfois ie n'ay pas la puillance de me conferuer moy-melme, comme ie viens de prouuer.
Doncques ie fuis conferué par vn autre.
De plus, celuy par qui ie fuis conferué a en foy formellement, ou éminemment, tout ce qui ell en moy (par l'axiome 4).
217 |Or ell-il que i"ay en moy l'idée ou la notion de plulieurs per- fedions qui me manquent, 6c enlemble l'idée d'vn Dieu (par la défi- nition 2 & 81.
Doncques la notion de ces mefmes perfedions ell aulli en celuy par qui ie fuis conferué.
Enfin, celuy-là mefme par qui ie fuis conferué ne peut auoir la notion d'aucunes perfections qui luy manquent, c'e(l-à-dire qu'il n'ait point en foy formellement, ou e mi ne m ment (par l'axiome 7); car, ayant la puillance de me conferuer, comme il a edé dit main- tenant, il auroit à plus forte raifon le pouuoir de le les donner lu\- mefme, s'il ne les auoit pas | (par l'axiome 8 «S: i|i.
( )r ell-il qu'il a la notion de toutes les perfections que ic reconnois me manquer, (S: que ie conçoy ne pouuoir ellrc qu'en Dieu feul, comme ic viens de prouuer.
Doncques il les a des-ja toutes en lb\ formellement, ou éminem- ment ; «S. ainli il ell Dieu.
�� �