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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/185

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2o3-2o5. Quatrièmes Objections. 1^9

largeur, tij- de largeur fans profondeur ; peut-eflre aufjï quelqu'un poura-t-il mettre en doute, fçauoirf \ tout ce qui penfe n'ejî point auffi vne chofe étendue, mais qui, outre les propriete\ qui luj font com- munes auec les autres chofes étendues, comme d'ejlre mobile, fi gurable, &c., ait aujji cette particulière vertu & faculté de penfer, ce qui fait que, par vne abflradion de l'efprit, elle peut eflre conceuë auec cette feule vertu comme vne chofe qui penfe, quoy qu'en effed les propriété^ & qualité^ du corps conuiennent à toutes les chofes qui penfent ; tout ainji que la quantité peut eflre conceuë auec la longueur feule, quoy qu'en effed il n'y ait point de quantité à laquelle, auec la longueur, la largeur & la profondeur ne conuiennent.

Ce qui augmente cette difficulté ejl que cette vertu de penfer femble eflre attachée aux organes corporels, puifque dans les enfans elleparoijl ajfoupie, & dans les fou x tout affait éteinte & perdue; ce que les per- fonnes impies & meurtrières des âmes nous obieâent principalement.

Voylà ce que i'auois à dire touchant la diflindion réelle de l'efprit d'auec le corps. Mais puifque Alonfieiir Des-Cartes a entrepris de démontrer l'immortalité de l'ame, on peut demander a\uec raifon fi 269 elle réfulte euidcmmeni de cette di/tinclion. Car, félon les principes de la philofophie ordinaire, cela ne s'enfuit point du tout; veu qu'ordi- nairement ils difent que les âmes des bejtes font diftinâes de leurs corps, & que neantmoins elles perijjent auec eux.

I'auois étendu iufques-icy cet efcrit, £• moti dejfein efloitde montrer comment, félon les principes de noftre auteur [lefquels ie penfois auoir recueillis de fa façon de philofopher), de la réelle diflindion de l'efprit d'auec le corps, fon immortalité fe conclut facilement, lorfqu'on m'a mis entre les maitis vn fommaire des fx Méditations fait par le mefme auteur, qui, outre la grande lumière qu'il apporte à tout fon ouurage, contenoit fur ce fujet les mefmes raifons que i'auois méditées pour la folulion de cette queflion.

Pour ce qui ejl des âmes des be/les, il a défia affe:{fait connoiflre, | en d'autres lieux, que fon opinion ejl qu'elles" n'en ont point, mais feule- ment vn corps figuré d'vne certaine façon, & compofé de plufieurs dif- ferens organes difpofCy de telle forte, que toutes les opérations que nous voyons peuuent eflre faites en luy & par luy.

Mais il y a lieu de craindre que cette opinion ne puiffe pas trouuer créance dans les efprits des hommes, fi elle n'efi foutenuë (^ prouuée par de très fortes raifons. Car cela femble incroyable d'abord, qu'il fe puiffe faire, fans le minifiere d'aucune ame, | que la lumière qui 270

a. « qu'ils » [i" édit.).

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