Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

184 OEuvRES DE Descartes. 237 2?9.

non feulement tres-vtile en cette queilion, mais aulfi necelTaire & telle qu'il n'y a perl'onne qui puiffe auec rail'on la trouuer mauuaife.

le fçay que nos Théologiens, traittans des choies diuines, ne fe feruent point du nom de caiife, lorfqu'il s'agit de la proceffion des perfonnes de la tres-fainte Trinité, & que lii où les Grecs ont mis indifféremment ohivj & àoyr.-j, ils aiment mieux vfer du feul nom de principe, comme tres-general, de peur que de là | ils ne donnent occaiion de iuger que le Fils el1: moindre que le Père.

Mais où il ne peut y auoir vne femblable occafion d'erreur, & lorfqu'il ne s'agit pas des perfonnes de la Trinité, mais feulement de l'vnique elTence de Dieu, ie ne voy pas pourquoy il faille tant fuir le nom de caufe, principalement lorfqu'on en eit venu à ce point, qu'il femble tres-vtile de s'en feruir, & en quelque façon neceffaire.

Or ce nom ne peut eflre plus vtilement employé que pour dé- montrer l'exiftence de Dieu ; & la neceffité de s'en feruir ne peut eftre plus grande que fi, fans en vfer, on ne la peut pas clairement démontrer.

Et ie penfe qu'il efl: manifefle à tout le monde que la confideration de la caufe efficiente eft le premier & principal moyen, pour ne pas 316 dire le feul | & l'vnique, que nous ayons pour prouuer l'exiftence de Dieu.

Or nous ne pouuons nous en feruir, fi nous ne donnons licence à noftre efprit de rechercher les caufes efficientes de toutes les chofes qui font au monde, fans en excepter Dieu mefme ; car pour quelle raifon l'excepterions-nous de cette recherche, auant qu'il ait efté prouué qu'il exifte?

On peut donc demander de chaque chofe, fi elle eft parfoy ou par autriif; & certes par ce moyen on peut conclure l'exiftence de Dieu, quoy qu'on n'explique pas en termes formels & précis, comment on doit entendre ces paroles, ejire parfoy.

Car tous ceux qui fuiuent feulement la conduite de la lumière naturelle, forment tout auffi-toft en eux dans ce rencontre vn certain concept qui participe de la caufe efficiente & de la formelle, & qui eft commun à l'vne & à l'autre : c'eft à fcauoir, que ce qui eft par aulruj', eft par luy comme par vne caufe efficiente ; & que ce qui eft par foj-, eft comme par vne caufe formelle, c'eft à dire, parce qu'il a vne telle nature qu'il n'a pas befoin de caufe efficiente, j C'eft pour- quoy ie n'ay pas expliqué cela dans mes Méditations, & ie l'ay obmis, comme eftant vne chofe de foy manifefte, & qui n'auoit pas befoin d'aucune explication.

�� �