Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/303

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Principes. — Préface. 5

en quoy confifte toute la fcience qu'on a maintenant, & quels font les degrez de Sageffe aufquels on eft paruenu. Le premier ne contient que des notions qui font fi claires d'elles mefmes qu'on les peut acquérir 5 fans méditation. Le fécond comprend tout ce que l'ex- périence des fens fait connoiilre. Le troifiéme, ce que la conuerfation des autres hommes nous enfeigne. A ) quoy on peut adjoufler, pour le quatrième, la le- dure, non de tous les Liures, mais particulièrement

10 de ceux qui ont efté écrits par des perfonnes capables de nous donner de bonnes inflrudions, car c'efl vne efpece de conuerfation que nous auons avec leurs autheurs. Et il me femble que toute la Sageffe qu'on a couflume d'auoir n'efl acquife que par ces quatre

15 moyens ; car je ne mets point icy en rang la reuela- tion diuine, pource qu'elle ne nous conduit pas par degrez, mais nous éleue tout d'vn coup à vne créance infaillible. Or il y a eu de tout temps de grands hommes qui ont tafché de trouuer vn cinquième de-

20 gré pour paruenir à la Sageffe, incomparablement plus haut & plus affuré que les quatre autres : c'eft de chercher les premières caufes & les vrays Principes dont on puiffe déduire les raifons de tout ce qu'on eft capable de fçauoir; & ce font particulièrement

25 ceux qui ont trauaillé à cela qu'on a nommez Phi- lofophes. Toutefois je ne fçache point qu'il y en ait eu jufques à prefent à qui ce deffein ait reùffi. Les premiers & les principaux dont nous ayons les écrits font Platon & Àriftote, entre lefquels il n'y a eu autre

3o différence finon que le premiei;, fuiuant les traces de fon maiftre Socrate, a ingenuëment confeffé qu'il

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