Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/391

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Principes. — Seconde Partie. çj

pafle celle de B, foit moindre que ce en quoy la vitelle de B furpalie celle de C, jamais B ne doit rejallir, mais pouffer C, en luy trans- férant vne partie de fa viteffe. Et au contraire, lors que ce en quoy la grandeur de C furpaffe celle de B, eft plus grand que ce en quoy la viteffe de B furpafle celle de C, il faut que B rejallifle, fans rien I communiquer à C de fon mouuement; & enfin, lors que 109 l'exce:[ de grandeur qui eji en C, efi parfaitement égal à l'exce\ de ritejfe qui ejl en B, cetuy-cj- doit transférer vne partie de fon mouue- ment à l'autre, & rejallir auec le rejle. Ce qui peut eftre fupputé en cette façon : fi C eft juftement deux fois aufli grand que B, & que B ne fe meuue pas deux foisaufTi vifte que C, mais qu'il en manque quelque chofe, B doit rejallir fans augmenter le mouuement de C ; & fi B fe meut plus de deux fois auffi vite que C, // ne doit point rejallir, mais transférer autant de fon mouuement à C, qu'il ejl re- quis pour faire qu'ils fe meuuent tous deux par après de mefme viteffe. Par exemple, fi C n'a que deux degrez de viteffe, & que B en ait cinq, qui ejl plus que le double, il luy en doit communiquer deux de les cinq, lefquels deux eftant en C, n'en feront "qu'vn, à caufe que C eft deux fois auffi grand que B, & ainfi ils iront tous deux par après auec trois degrez de viteffe. Et les demonftrations de tout cecy font fi certaines, qu'encore que l'expérience nous fembleroit faire voir le contraire, nous ferions neantmoins oblige'^ d'adjoufer plus de foy à nojlre raifon qu'à nos feus.

��53. Que l'explication ' de ces règles est difficile, à caufe que chaque corps ejl touché par plufieurs autres en mefme temps.

En effet, il arriue fouuent que l expérience peut fembler d'abord répugner aux règles que \ Je viens d'expliquer, mais la raifon en ejl liO éuidente. Car elles prefuppofent que les deux corps B & C font par- faitement durs, & tellement feparez de tous les autres, qu'il n'y en a aucun autour d'eu.x qui puijfe ayder ou empefcher leur mouue- ment ; & nous n'en voyons point de tels en ce monde. C'eft pour- quov, auant qu'on puiffe juger fi elles s'y obferuent ou non, il ne fujfit pas de fçauoir comment deu.x corps, tels que B & C, peuuent agir l'vn contre l'autre, lors qu'ils fe rencontrent : mais il faut, outre cela, confiderer comment tous les autres corps qui les enuironnent peuuent augmenter ou diminuer leur aâion. Et pource qu'il n'y a rien qui leur face auoir en cecy des effets differens, finon la diffe-

a. Lire application ?

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