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��OEuvRES DE Descartes.

��rence qui ell entr'eux, en ce que les vns fant liquides ou mous, & les autres durs, il cft befoin que nous examinions, en cet endroit, en quoy conlilknt ces deux qualités d'ellre dur & d'eftre liquide.

54. En quoy confijle la nature des corps durs & des liquides.

En quoy nous dcuons, premièrement, receuoir le témoignage de nos fcns,/7n/s que ces qualité^ fe rapportent à eux ; & ils ne nous enfeignent en cecy autre chofe, fmon que les parties des corps liquides cèdent i\ ailement leur place, qu'elles ne font point de refi- Itance à nos mains, lors qu'elles les rencontrent; & qu'au contraire, dll les parties des corps durs font tellement jointes | les vues aux autres, qu'elles ne peuuent eltre feparées fans vne force qui rompe cette liaiibn qui ell entr'elles. En fuite de quoy, fi nous examinons quelle peut élire la caufe pourquoy certains corps cèdent leur place fans faire de refiftance, & pourquoy les autres ne la cèdent pas de mefme : nous n'en trouuons point d'autre, finon que les corps qui font def-ja en adion pour fe mouuoir, n'empefchent point que les lieux qu'ils font difpofez à quitter d'eux mefmes, ne foient occu- pez par d'autres corps ; mais que ceux qui font en repos, ne peuuent eltre chalïez de leur place, fans quelque force qui rieiuie d'ailleurs, afin de caufer en eux ce changement. D'où il fuitqu'vn corps eft liquide, lors qu'il eft diuifé en plufieurs petites parties qui fe meuuent feparement les vnes des autres en plufieurs façons dif- férentes, & qu'il elt dur, lors que toutes fes parties s'entre-touchent, fans ertre enadion pour s'éloigner l'vne de l'autre.

55. Qu'il n'y a rien qui joigne les parties des corps durs,ftnon qu'elles font en repos au regard l'vne de l'autre.

Et je ne croy pas qu'on puiffe imaginer aucun ciment plus propre à joindre enfcmble les parties des corps durs, que leur propre repos. Car de quelle nature pourroir-il efire ? Il ne fera pas vne chofe qui fubfirte de Iby-mefme : car toutes ces petites parties eflant des fubftances, pour quelle raifon feroient-elles pluftofl: vnies par 112 d'autres fubftances, que par elles-mefmes ? Il | ne fera pas aulTi vne qualité différente du repos, pource qu'il n'y a aucune qualité p\us contraire au mouuement qui pourroit feparer ces parties, que le repos qui eft en elles. Mais, outre les fubftances & leurs qualité-, nous ne connoillbns point qu'il y ait d'autres genres de chofes',

a. Wo'ir Correspondance, t, V, p. 385,

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