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112 Œuvres de Descartes.

juger qu'elles loient toutes en la fuperficie d'vne mefme fphere, ainfi que plufieurs fuppofent qu'elles font, pource que le Soleil ne peut eftre auec elles en la fuperficie de cette fphere ; mais que, tout ainfi qu'il eft enuironné d'vn vafte efpace, où il n'y a point d'Eftoile fixe, de mefme que chaque Eftoile fixe eft fort éloignée de toutes les autres, & que quelques-vnes de ces Eftoiles font plus éloignées de nous & du Soleil que quelques autres. En forte que, fi S, par exemple, eft le Soleil, F f feront des Eftoiles fixes, & nous en pourrons con- ceuoir d'autres fans nombre, au deffus, au deffous, & par delà le plan de cette figure, efparfes par toutes les dimenfions de l'efpace '.

24. Que les Cisux font liquides.

En troifiéme lieu, penfons que la matière du Ciel eft liquide, aufli bien que celle qui compofe le Soleil & les Eftoiles fixes. C'eft vne opinion qui eft maintenant communément receu(; des Aftronomes, pource qu'ils voyent qu'il eft prefquc impoffible fans cela de bien expliquer les phainomenes.

25. Qu'ils tranfportent auec eux tous les corps qu'ils contiennent.

Mais il me femble que plufieurs fe méprenent en ce que, vou- 138 lant attribuer au Ciel la pro|priété d'eftre Jiquide, ils l'imaginent comme vn efpace entièrement vuide, lequel non feulement ne rcfiftc point au mouuemcnt des autres corps, mais auffi qui n'ait aucune force pour les mouuoir & les emporter auec iby ; car outre qu'il ne fçauroit y auoir de tel vuide en la nature, il y a cela de commun en toutes les liqueurs, que la raifon pourquoy elles ne refiftent point aux mouuemens des autres corps, «'eft pas qu'elles ayent moins qu'eux de matière, mais qu'elles ont autant ou plus d'agi- tation, & que leurs petites parties peuucnt aifement eftre détermi- nées à fe mouuoir de tous coftez; & lors qu'il arriue qu'elles font déterminées à fe mouuoir toutes enfemble vers vn mefme cofté, cela fait qu'elles doiuent necelTairement emporter auec elles tous les corps qu'elles embraftent & enuironnent de tous coftez, & qui ne font point empefchez de les fuiure par aucune caufe extérieure, quoy que ces corps foicnt entièrement en repos, & durs & folides, ainfi qu'il fuit éuidemment de ce qui a efté dit cy-de(Tus' de la nature des corps liquides.

a. Planche III.

b. Partie II, art. 61 p. 100

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