Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/240

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2 26 Correspondance.

éclaircir,JîVOUS troiiuer^ à propos dcluy en mander quelque chofe. Ou peut ejlrc qu'il vous en écrira de fon propre mouuement, puifqu'on dit , qu'il gouuerne entièrement l'ef- prit auquel il donne tant de louanges. le ne faurois rien aiouier à cecy,Jî ce n'ejl que ie n'ejlime pas cet accident 5 Jiifdit au nombre des malheurs de la perfonne à qui il arriuc, puijquil la retire d'vn voyage où. le mal qui luy en rcuicndroit [comme la perte de fanté & de repos, loint aux chofcs fachcufes qu'il lui eujl fallu fouffrir d'vne nation brutale), ejloit très ajfeuré, & le bien que d'autres \o en pourroicnt efperer,fort incertain. Et s'il y a de l'affront dans le procédé, ie trouue qu'il retombera entièrement fur . ceux qui l'ont fait, puifque c'efi vne marque de leur in- conflance & légèreté d'efprit, & que tous ceux qui en ont connoiffancc fauent auffi quelle n 'a point contribué à au- i5 cune de ces boutades.

Quant à moy, ie prctens demeurer encore icy iufqu'à ce que i' apprenne l'iffue des affaires d'Allemagne & d'An- gleterre, qui femblent efire maintenant en vne crife. Nous yauons eu vne plaifante rencontre depuis trois wurs, tou- 20 tefois tres-incommode. En nous promenant fous vn bois de chêne, M'"' l'Eleélrice auec ceux de fa fuite, il nous eft venu en vn infiant comme vne forte de rougeolle par tout le corps, hors au vifage, fans feure ni autre mal qu'vne dcmangeaifon infupporlable. Les fuperfitieux fe croyoient 2 5 enforcclés; mais les paifans nous difoient qu'ilyauoit par- fois vne certaine rofée venimeufe fur les arbres, qui, def- cendant en pouffiere, infeéle ainfi les paffans. Et il efl à remarquer que tous les différents remèdes que chacun s' efl imai^inc pour vn mal fi nouueau, comme les bains, lafei- 3o gnee, les vantoufes, les fangfues & la purge n'y ont de

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