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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/649

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(9-10) Tome II. 6) ç

» aufquelles on auroit bien pu donner vn tour plus élégant, mais » non pas plus de rapport auec le fens de l'Autheur, que i'y ay » trouué affez fidellement rendu. »

« Peut-eftre aufli que i'aurois pu eftre plus foigneux & plus re- » tenu que ie n'ay eftc, en vne chofe de plus grande importance, & » qui auroit répondu dauantage au defir de l'Autheur, qui nous » auertit fouuent dans fes lettres" qu'il ne les a pas écrites de la » manière qu'il voudroit qu'elles fuffent, fi elles deuoient paroiflre » au jour, mais auec la liberté dont on vfe enuers fes amis. l'ay » defia employé cette excufe, dans vne lettre que i'ay écrite à » quelqu'vn de ceux qui s'eftoient offenfez de cette honnefte liberté, » pour iuftifier l'Autheur, & me iuftifier auffi moy-mefme auprès » de luy. Que s'il fe trouuoit encore icy quelques terihes qui fen- » tilTent l'aigreur ou la chaleur de la difpute, ie prie tous les » Ledeurs de les excufer en faueur du deffein que i'ay eu de ne » rien fuprimer de ce qui pouuoit feruir à la gloire ou à la iuftifi- » cation de mon Amy, & au defir qu'il auoit d'auancer toufiours de » plus en plus dans la connoiffance de la vérité. Et luy & moy » fommes bien dignes de pardon : luy, parce que ces termes ont » efté rendus publics contre fon intention ; & moy, parce qu'ils » me sont échappez par mégarde : car quelque foin que i'aye ap- » porté à les adoucir, & à taire les noms de ceux qu'ils con- » cernoient, il pourra bien eftre arriué | que ie m'en fois quelquesfois » oublié. Mais, après tout, ce font des guerres innocentes que ces » fortes de difputes où les coups de plume les plus fanglans ne » font donnez que pour égorger l'erreur, s'il eft permis de parler » ainfi, & pour faire triompher la vérité; outre qu'vne injure, ou »■ vn dementy n'eft pas fi offenfant, & ne porte pas fi loin, quand » il eft donné par des Sçauans, & auec les reftriftions receuës » parmy les Latins. »

(I Ces excufes ne font-elles pas fuffifânte.s? Faut-il encore quelque » chofe de plus, afin de fatisfaire ceux qui fe pourroient trouuer » intereffez? Et pour acheuer d'adoucir leur aigreur, eft-il befoin » de les flatter de l'efperance de quelque nouueau prefent? le le » veux pourtant, & leur en promets vn au plutoft du mefme » Autheur, qui ne cède en rien aux plus excellens de fes ouurages, » pour la nobleffe de fa matière, & la nouueauté de fon inuention. » C'ert vn des plus riches effets de la fucceftion de ce grand homme, » qui m'ait efté mis entre les mains par celuy qui a efté le depo-

a. Tome I, p.2.3i, 1. 7-10; t. II, p. 634, 1. 3-8; t. III, p. 43, 1. i3-i5,etc.

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