Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/659

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(9-,o) iOME III. 645

» feindre de mieux. Ne prenans pas garde qu'après auoir prouué, .) comme il a fait, la réelle dirtindionqui eft entre l'ame & le corps, » & auoir monftré que ces deux natures font tellement différentes » entr'elles, qu'elles n'ont aucun attribut qui foit commun & qui fe » reffemble & que nous puifllons conceuoir pouuoir appartenir à .. vn feul & mefme fujet, il eu impoffible de pouuoir rendre vne » autre raifon de leur vnion, & de tous les accidens qui la luiuent ). & qui l'accompagnent, comme eft la force qu'a l'ame de mou- » uoir le corps, & celle qu'a le corps d'agir fur l'ame, en caulant ., fes fentimens, fes appétits & fes paiïîons, 1 que la volonté de leur » Autheur ; et que de vouloir qu'on leur en donne vne autre railon, ,. c'eft ne connoiftre pas le corps ny T'ame (comme, en effet, ils ). témoignent alTez ne les pas connoiftre, par tout ce qu'ils difent » des aftions des animaux, où ils fe contredifent à tout moment, » & confondent l'vn auec l'autre), & c'eft ne pas fçauoir non plus » iufqu'où peut aller noftre connoifl"ance. »

« Mais ce n'eft pas icy le lieu de tout dire ; ie n'en ay peut-eftre ), defia que trop dit, & ie ne doute point qu'il n'y en ait qui me blà- .. meront, en lifant cecy, de voir que ie fais, ce femble, vne apologie » ou vne inueftiue au lieu d'vne Préface. l'auoue qu'ils auront .. raifon. Et, en effet, quand i'ay pris la plume pour commencer cette » pièce, ie ne fongeois à rien moins qu'à dire tout ce que i'ay du; » mais infenfiblement le fujet m'y a porté; & mon imagination fe » trouuant échauffée, & fentant mon efprit animé d'vne jufte colère » pour la deffenfe de noftre Philofophe, ie me fuis abandonné à „ l'effort qu'il a pris, de peur que, le voulant trop contraindre, il ne ,. me fuft infidèle dans le refte de ce que i'ay à dire. le reuiens donc

» à mon fujet. » r 1 T^■

« Celuy qui, après le Père Bourdin, s'eft le plus oppofé à la Dio- ), ptrique de Monfieur Defcartes, a efté Monfieur de Fermât ; il en .) écriuit d'abord au Père Merfenne, qui enuoya auffi-toft à Mon- » fieur Defcartes les objections qu'il luy auoit propofées, aufquelles, .. félon la promeffe qu'il auoit faite, il ne manqua pas de faire ré- ,. ponfe; mais, foit qu'il ne fe fuft pas affez bien expliqué, ou que .) Monfieur de Fermât n'en fuft pas fatisfait, il fît des répliques à .. fes réponfes, aufquelles Monfieur Defcartes adjoûta les fiennes ; ,. & après plufieurs conteftations, ne s'eftant pu accorder fur leurs » differens, l'affaire demeura afl'oupie, iufques à ce que, M. de » Fermât prenant fujet d'en écrire de nouueau à Monfieur de la » Chambre en l'année 1657, & en 1662, plus de dix ans après la )) mon de Monfieur Defcartes, à l'occafion du Liurc de la Lumière

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