Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/92

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��Correspondance.

��» t-elle estrangement mortifié, pour le malheureux accident qui vous est » arrivé*. L'exemple de M' Lescuyer vous fait peur; néanmoins il ne faut » pas s'alarmer si prontement, puisqu'on sait bien que la gangrené ne suit » pas toujours une piqueure d'artère, et qu'on est souvent quite pour une n enrteure de bras ou quelque autre semblable incommodité, qui dure 1) quelques jours sans aucune suite. Pour moy, je veux espérer que Dieu » ne privera pas le public d'une main qui lui est si utile que la vostre, et » qui luy rend tous les jours de si grans services par les excellents ouvrages » que vous produises continuellement. . »

Et le 21 octobre suivant :

« Je vous diray, avant toutes choses, que votre dernière m'a extreme- » ment resjouy, m'aprenant que votre bras estoit hors de danger. Aussi » m'estois-je bien promis, pour la raison que je vous ay escrit, qu'il n'en » arriveroit pas le mal qui s'en pouvoit craindre. »

Dans une autre lettre de Le Tenneur à Mersenne, datée de Tours, i6 janvier 1648, on lit :

« Il est vray que je ne vous ay rien escrit sur ce que M. Descartes a dit " de la fracture du soliueau contre Galilée et ma démonstration, pource » que, lors que je receus la copie de sa lettre, j'avois bien d'autres choses )i dans l'esprit que des spéculations phisiques; ce qui fut cause que je ne » la leus qu'une fois, et vous diray que j'y remarquay une chose a mon » avis entièrement fausse, qui est la suposition qu'il fait du levier dont les » bras sont a angles droits; qu'il y en avoit d'autres, que je n'entendois » pas, et qu'au reste, il ne repond point a ma démonstration. C'est toute » la remarque que j'en fis lors; maintenant, pour y faire une plus ample » considération, il faudroit l'avoir, et peut estre la recevray je un de ces >- jours avec d'autres papiers, ayant a passer icy l'hiver; et lors je pouray " vous en dire mon avis, mais ce sera a la charge, si je vous escris contre » luy, que vous ne luy en dires mot; car je ne veux point parestre luy » contredire, et veux sembler acquiescer a tous ses raisonnements en 1) toutes choses, pour le moins au commencement, afin de gagner sa bien- >> veillance; car on dit qu'il faut se comporter d'abord avec luy de cette )) façon, pour pouvoir conférer avec luy et avoir l'intelligence de ses » escrits, qui est une chose que je souhajte passionement, lorsqu'il sera en » France, ou on m'a dit qu'il revient et qu'on luy donne 3ooo livres de pen- » sion. .le vous avoue que je n'ay que de l'admiration pour ses ouvrages, » et que je les lis maintenant avec une très grande avidité; car c'est » presque le seul livre que j'aye toujours eu avec moy depuis mon départ >i d'Auvergne; quoy que je vous avoué y avoir beaucoup de difficulté, je » ne laisse pas d'y prendre grand goût et d'espérer de venir a bout de » tout avec le tenis. .l'en ay trouvé icy une traduction françoise (je pense

a. Voir ci-avant p. 73.

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