Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, VI.djvu/104

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rement eſté trouuée que par l’experience & la fortune. Il y a enuiron trente ans, qu’vn nommé Iaques Metius*, de la ville d’Alcmar en Hollande, homme qui n’auoit iamais eſtudié, bien qu’il euſt vn pere & vn frere qui ont fait proſeſſion des | mathematiques, mais qui prenoit particulierement plaiſir a faire des miroirs & verres bruſlans, en compofant meſme l’hyuer auec de la glace, ainfi que l’experience a monſtré qu’on en peut faire, ayant a cete occaſion pluſieurs verres de diuerſes formes, s’auiſa par bonheur de regarder au trauers de deus, dont l’vn eſtoit vn peu plus eſpais au milieu qu’aus extremités, & l’autre au contraire beaucoup plus eſpais aus extremités qu’au milieu, & il les appliqua ſi heureuſement aus deus bouts d’vn tuyau, que la premiere des lunettes dont nous parlons, en fut compoſée. Et c’eſt ſeulement ſur ce patron, que toutes les autres qu’on a veües depuis ont eſté faites, ſans que perſonne encore, que ie ſçache, ait ſuſſiſanment determiné les figures que ces verres doiuent auoir. Car, bien qu’il y ait eu depuis quantité de bons eſprits, qui ont fort cultiué cete matiere, & ont trouué a ſon occaſion pluſieurs choſes en l’Optique, qui valent mieux que ce que nous en auoient laiſſé les anciens, toutefois, a cauſe que les inuentions vn peu malayſées n’arriuent pas a leur dernier degré de perfection du premier coup, il eſt encore demeuré aſſés de difficultés en celle cy, pour me donner ſuiet d’en eſcrire. Et d’autant que l’execution des choſes que ie diray, doit dependre de l’induſtrie des artiſans, qui pour l’ordinaire n’ont point eſtudié, ie taſcheray de me rendre