fort ſuperbes & fort magnifiques, qui n’eſtoient baſtis que ſur du ſable & ſur de la bouë. Ils eſleuent fort haut les vertus, & les font paroiſtre eſtimables par deſſus toutes les choſes qui ſont au monde ; mais ils n’enſeignent pas aſſez a les connoiſtre, & ſouuent ce qu’ils appelent d’vn ſi beau nom, n’eſt qu’vne inſenſibilité, ou vn orgueil, ou vn deſeſpoir, ou vn parricide.
Ie reuerois noſtre Theologie, & pretendois, autant qu’aucun autre, a gaigner le ciel ; mais ayant apris, comme choſe tres aſſurée, que le chemin n’en eſt pas moins ouuert aux plus ignorans qu’aux plus doctes, & que les veritez reuelées, qui y conduiſent, ſont au deſſus de noſtre intelligence, ie n’euſſe oſé les ſoumettre a la foibleſſe de mes raiſonnemens, & ie penſois que, pour entreprendre de les examiner & y reuſſir, il eſtoit beſoin d’auoir quelque extraordinaire aſſiſtence du ciel, & d’eſtre plus qu’homme.
Ie ne diray rien de la Philoſophie, ſinon que, voyant qu’elle a eſté cultiuée par les plus excellens eſprits qui ayent veſcu depuis pluſieurs ſiecles, & que neanmoins il ne s’y trouue encore aucune choſe dont on ne diſpute, & par conſequent qui ne ſoit douteuſe, ie n’auois point aſſés de preſomption pour eſperer d’y rencontrer mieux que les autres ; et que, conſiderant combien il peut y auoir de diuerſes opinions, touchant vne meſme matiere, qui ſoient ſouſtenuës par des gens doctes, ſans qu’il y en puiſſe auoir iamais plus d’vne ſeule qui ſoit vraye, ie reputois preſque pour faux tout ce qui n’eſtoit que vrayſemblable.
Puis, pour les autres ſciences, d’autant qu’elles empruntent leurs principes de la Philoſophie, ie iugeois