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Studium BoNiE Mentis.

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��« La folitude de M. Defcartes pendant cet hiver [lôig-iôso) » étoit toujours fort entière, principalement à l'e'gard des perfonnes » qui n'étoient point capables de fournir à fes entretiens. Mais elle » ne donnoit point l'exclufion de fa chambre aux curieux, qui » fçavoient parler de fciences, ou de nouvelles de littérature. Ce » fut dans les converfations de ces derniers qu'il entendit parler » d'une Confrérie de Sçavans, établie en Allemagne depuis quelque » tems fous le nom de Frères de la Ro/e-Croix. (En marge : Car- » TESii i.iB. De Studio Bon.f. Mentis, num. S, MS.) On luy en fit des » éloges furprenans. On luy fit entendre que c'étoient des gens qui » fçavoient tout, & qu'ils promettoient aux hommes une nouvelle » iagcffe, c'cfl-à-dire, la véritable fciencc qui n'avoit pas encore été » découverte. M. Defcartes, joignant toutes les chofes extraordi- » naires que les particuliers luy en apprenoieiit, avec le bruit que » cette nouvelle fociétéfaifoit par toute l'Allemagne, fefentit ébranlé. » (Eu marge: Ibidem.) Luy qui faifoit profeiïîon de méprifer géné- » ralemcnt tous les Scavans, parce qu'il n'en avoit jamais connu » qui fuflent véritablement tels, il commença à s'accufer de préci- » pi.tation & de témérité dans fes jugemens. Il fentit naître en luy- » même les mouvemens d'une émulation dont il fut d'autant plus » touché pour ces Rofe-Croix, que la nouvelle luy en étoit venue » dans le têms de fon plus grand embarras touchant les moyens » qu'il devoit prendre pour la recherche de la Vérité. Il ne crut pas » devoir demeurer dans l'indifférence à leur fujet, parce (difoit-il » à fon ami Mufée) que (en marge : De Stud. B. M. ad Mus/f:uM. » iBiD.) :

Si c'étoient des impofteurs, il n'étoit pas jufte de les laiffer jouir d'une réputation mal acquife aux] dépens de la bonne foy des peuples;

» & que :

S'ils apportoient quelque chofe de nouveau dans le monde, qui \alût la peine d'être fçû, il auroit été mal- honnête a luy, de vouloir méprifer toutes les fciences,

Œuvres. V. 25

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