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Studium Bon.c Mentis. 195

» grotte où il avoit vécu, fut découvert fix vingts ans après, & )) donna lieu à l'établiffement des Frères de la Rofe-Croix, qui fe fit » l'an 1604. »

« On dit qu'ils n'étoicnt que quatre Confrères, & qu'ils aug- » mentérent enfuite jufqu'au nombre de huit. Une des premières » chofes qu'on peut leur attribuer, eft fans doute l'invention du » Roman de leur Fondateur, parce qu'Us ont cru que les éta- » bliffemens les plus célèbres de ce monde fe font attirés de la » vénération & du crédit par des origines fabuleufes. Pour ne pas » laiffer leur fondation fans miracle, ils feignirent que la grotte » où repofoit leur F'ondateur, ètoit éclairée d'un folcil qui étoit au » fonds de l'antre, mais qui reçevoit fa lumière du foleil du monde. » Par ce moyen on découvroit toutes les raretez renfermées dans » la grotte. (En marge : Naud. ibid., pag. 3j, 38.) Elles confi- » rtoient en une platine de cuivre, pofée fur un autel rond, dans » laquelle on lifoit : A. G. R. C. vivant Je me fuis réfervé cet abrégé » de lumière pour fepukhre ; & en quatre figures avec leurs infcrip- » tions, qui étoient, pour la première, ja;w<j/5 vuide ; pour la » féconde, le joug de la loy ; pour la troifiéme, la liberté de l'Evan- » gile; pour la quatrième, la gloire entière de Dieu. Il y avoit aufli » des lampes ardentes, des fonnettes, des miroirs de plufieurs M façons, des livres de diverfes fortes, & entr'autres, le Dictionnaire » des mots de Paracelfe, & le petit monde de leur Fondateur. Mais » la plus remarquable de toutes ces raretez, étoit une infcription » qu'ils affuroient avoir trouvée fous un vieux mur, & qui portoit » ces mots : Apres Jix vingt ans je fer aj découverte. Ce qui défi- » gnoit fort nettement l'an 1G04, qui eft celuy de leur établilfe- )) ment. »

« On n'eft pas encore aujourd'huy trop bien informé de la raifon » qui leur a fait porter le nom de Rofe-Croi.x. Mais, fans s'arrêter » aux conjedures ingènieufes des efprits myftérieux fur ce point, )) on peut s'en tenir à l'opinion de ceux qui eftiment qu'il leur eft n venu de leur Fondateur [en marge : Rosen-Creutz), quoyque ces » Confrères euffent voulu perfuader au Public que leur Maitre » n'avoit pas de nom. »

I « La fin de leur Inititut ètoit la réformation générale du monde, » non pas dans la Religion, dans la police du gouvernement, ou dan^ » les mœurs, mais feulement dans le* fcienCes; & ils s'obligeoient à » garder le célibat. Ils embraflbient l'étude générale de la Phyfique » dans toutes fes parties ; mais ils faifoient une profeflion plus » particulière de la Médecine & de la Chymie. Michel Mayer, qui a

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