Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/499

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Ad Directionem Ingénu. 487

façon continue pendant cette longue période : on n'y trouve point de place pour la rédaction, demeurée inconnue, d'une oeuvre telle que les Regulœ. D'autre part, de 1618 à iôîS, Descartes employa presque tout son temps à des voyages et des séjours à l'étranger : ce qui ne comporte guère la tension d'esprit qu'exige un travail de longue haleine, comme celui-ci, qui devait comprendre le dévelop- pement de trente-six règles en tout. Pu-is ce fut, de 1G25 à 1628, le séjour à Paris, avec ses divenissements, peu favorables à l'étude, si bien que Descartes voulut enfin y échapper. Mais, avant de se rendre définitivement en Hollande, « pour y chercher la solitude », lui-même contera plus tard à un ami (t. V, p. 558, 1. 24-26), qu' « il » passa un hiver en France à la campagne, où il fit son apprentis- » sage ». Cette retraite, si propice au travail, n'en aura-t-il point profité, pour ébaucher certains écrits, dont justement les Regulœ? 2. Cet ouvrage marque plus qu'une date, mais, ce semble, une époque, dans la vie intellectuelle du philosophe. Il est parvenu à un moment, où il éprouve comme le besoin de s'arrêter, et de jeter un regard en arrière sur le chemin parcouru depuis des années, afin de recueillir et de résumer ses pensées, et aussi de ramasser ses forces pour repartir de plus belle à la recherche de la vérité. Lui- même le dit expressément, à la fin de la Règle IV, p. 378, 1. 2S, à p. 379, 1. i3 : il a cultivé jusqu'à présent, autant qu'il a pu, ce qu'il appelle la Mathématique universelle, Mathesis universalis, si bien que désormais il estime pouvoir, sans hâte prématurée, s'occuper de sciences un peu plus profondes, altiores, c'est-à-dire la Physique sans doute, qui pénètre plus profondément dans la réalité. Mais, avant de quitter la Mathématique, tout ce qui, dans ses études anté- rieures, lui a paru mériter davantage d'être noté, il essaiera de le rassembler et de le mettre en ordre, pour deux raisons, dit-il : d'abord pour qu'un jour, s'il en est besoin, puisqu'à mesure qu'on avance en âge la mémoire diminue, il ait la commodité d'aller le chercher dans ce petit livre ; puis aussi, pour que, sa mémoire n'en étant plus chargée, il ait l'esprit plus libre pour passer à d'autres études. Un second enàvoixàcs Regulcc, p. 442, 1. 8-1 i , n'est pas moins significatif. Descartes ne craint pas de le dire : ce n'est pas en vue des problèmes de mathématique, qu'a été inventée une partie de sa méthode; mais bien plutôt, c'est presque uniquement pour cultiver celle-ci, qu'on doit s'exercer aux problèmes. Il n'aurait guère pu tenir déjà ce Lngage en 1618 ou 1619 ; il le pouvait en 1628. et il le tint, en effet, à cette date, comme on le voit dans le Discours de la Méthode, t. VI, p. 29-30 : durant neuf années, c'est-à-dire de ihnj

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