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vient qu elle eft au commencement <fi imparfaite >". Epistemon. — Il me femble que tout cela s'explique fort clairement, fi on compare la fantaifie des enfans à une table d'attente^, dans laquelle doivent élire mifes 5 nos idées, qui font comme des portraits tirés de chafque chofe appres le naturel. Les fens, l'incli- nation, les précepteurs, & l'entendement, font les peintres differens, qui peuvent travailler à cet ou- vrage ; entre lefquels ceux qui en font moins ca-
10 pables, font les premiers qui s'en méfient, à fçavoir des fens imparfaits, un inftind aveugle, & des nour- rices impertinentes. Le meilleur vient le dernier, qui eft l'entendement; &: encore faut il qu'il faffe plu- fieurs années d'apprentiflage, & qu'il fuive longtemps
■ 5 l'exemple de fes maiftres, avant qu'il ofe entreprendre de corriger aucune de leurs fautes. Ce qui eft, à mon advis, une des principales caufes pourquoy nous avons tant de peine à connoiftre. Car nos fens ne voyent rien au delà des chofes plus groiïïeres &. com-
2o munes, noftre inclination naturelle eft toute corrom- pue ; & pour les précepteurs, encore qu'il s'en puifle trouver fans doute de très parfaits, fi eft ce qu'ils ne fçauroient forcer noftre créance de recevoir leurs raifons, jufqu'à ce que noftre entendement les ait
2 5 examinées, auquel feul il appartient de parachever cet ouvrage. Mais il eft comme un excellent peintre qu'on auroit employé pour mettre'^ les dernières couleurs
a. Lacune dans le MS. (lequel d'ailleurs fait une grosse faute, p. 5o6, 1. 3i : « Tannée » pour « l'ame »). Trad. lat. : « in qud parte anima" confijiat, » atque unde illa ab initia adeà imperfeâajtt». (Page j3, dernières lignes.
b. Trad. lat. : « tabulae rafas ». (Page 74, 1. 2.)
c. MS. : après mettre] icy, mis entre crochets par Leibniz.
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