jo Descartes et Beeckman.
» lieu de fa demeure, afin qu'il pût liij- porter la Jolution du Pro-
» blême, quand il l'auroit trouvée. M. HeicaTX^s connut par fon billet
)) qu'il s'appelloit Beeckman ; & il ne fut pas plutôt retourné chez
» luy, que, s'étant mis à examiner le Problème fur les régies de fa
» Méthode comme avec une pierre de touche, il en trouva la folution
» avec autant de facilité & de promptitude, que Viéte en avoit ap-
» porté autrefois pour réfoudre en moins de trois heures le fameux
» Problème qu'Adrien- Romain avoit propofé à tous les Mathéma-
» ticiens de la Terre. [En marge : Thuan. Hiit. in Viet. ad ann.
» i6o3. — Lipftorp. ut fupra, p. 77.) Defcartes, pour ne point
» manquer à fa parole, alla dés le lendemain chez Beeckman, luy
» porta la folution du Problème, & s'offrit même de luy en donner
» la conftruftion, s'il le fùuhaitoit. Beeckman parut fort furpris :
» mais fan étonnement augmenta tout autrement, lorfqit' ayant ouvert
» une longue converfa\tion pour fonder l'efprit & la capacité du
» jeune homme, il le trouva plus habile'que luj- dans des fciences dont
» il f ai/oit fon étude depuis plufieurs années. Son entretien luy fit
» fentir qu'il étoit encore toute autre chofe que ce que la folution du
)) Problème de l'Inconnu luy avoit fait paroitre. Il luy demanda
» fon amitié, luy offrit la fienne, & le pria de confentir qu'ils entre-
» tinjfent un commerce mutuel d'étude & de lettres pour le reile de
» leur vie. M. Defcartes répondit à fes honnêtete\par tous les effets
» d'une amitié fincére . . . ».
(A. Baillut, La Vie de Monfieur Des-Cartes, t. I, 42-44.)
On peut s'étonner d'abord que les circonstances si précises de cette première rencontre de Descartes et de Beeckman, n'aient point été relatées par celui-ci dans son Journal. Et pour cette raison on est un peu tenté de suspecter l'anecdote; d'autant plus que l'essen- tiel y est omis, à savoir l'énoncé du problème, qui devait pourtant intéresser le plus Lipstorp, en sa qualité de mathématicien, -et Schooten, le professeur de Mathématique à Leyde, qui lui conta cette histoire. Et puis tout cela paraît trop bien calqué sur une pa- reille aventure, dont Viète avait été le héros: Descartes ne pouvait pas faire moins que son illustre prédécesseur, et c'est pourquoi on nous le montre, avec complaisance, qui relève comme lui un défi de mathématicien, et y répond victorieusement. — D'autre part, cependant, la proposition que nous avons vue dans l'article de Beeckman : Nullum effe angulum rêvera, ressemble aussi par son caractère paradoxal à une gageure, et il se pourrait que ce fût là ce qui était proposé aux curieux de Bréda ; — bien que les termes.
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