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114.
La Description
[SECONDE PARTIE.
Du mouuement du Cœur & du ſang.]

viii. | On ne peut douter qu’il n’y ait de la chaleur dans le cœur, car on la peut ſentir meſme de la main, quand on ouure le corps de quelque animal viuant. Et il n’eſt 5 pas beſoin d’imaginer que cette chaleur ſoit d’autre nature, qu’eſt generalement toute celle qui eſt cauſée par le mélange de quelque liqueur, ou de quelque leuain, qui fait que le corps où elle eſt ſe dilate.

ix. Mais, pource que la dilatation du ſang que cauſe 10 cette chaleur, eſt le premier & le principal reſſort de toute noſtre machine, le voudrois que ceux qui n’ont iamais étudié l’Anatomie, priſſent la peine de voir le cœur de quelque animal terreſtre, aſſez gros (car ils ſont tous à peu prés ſemblables à celuy de l’homme), 15 & qu’ayant premierement coupé la pointe de ce cœur, ils priſſent garde qu’il y a au dedans comme deux cauernes, ou concauitez, qui peuuent contenir beaucoup de ſang. Après cela, s’ils mettent les doigts dans ces concauitez, pour y chercher, vers la baze du cœur 20 les ouuertures par où elles peuuent receuoir du ſang, ou bien ſe décharger de celuy qu’elles contiennent ils en trouueront deux fort grandes en chacune : à ſçauoir, dans la cauité droite, il y a vne ouuerture qui conduira le doigt dans la vene caue, & vne autre qui 25 le conduira dans la vene arterieuſe. Puis, s’ils coupent la chair du cœur le long de cette cauité, iuſques