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du Corps Humain.

Touchant la vene arterieuſe & l’artere vencuſe, il xiii. faut remarquer que ce ſont auſſi deux vaiſſeaux qui ſont fort larges, à l’endroit où ils ſe ioignent au cœur ; mais qu’ils ſe diuiſent fort proche de là en diuerſes 5 branches, leſquelles derechef ſe diuiſent aprés en d’autres plus petites ; & qu’elles vont toutes en être-ciſſant, a meſure qu’elles s’éloignent du cœur ; & que chaque branche de l’vn de ces deux vaiſſeaux accompagne touſiours quelqu’vne des branches de l’autre, 10 & auſſi quelqu’vne d’vn troiſiéme vaiſſeau, dont l’entrée eſt ce qu’on nomme le goſier ou le ſifflet ; & que les branches de ces trois vaiſſeaux ne vont point ailleurs que dans le poumon, lequel n’eſt ; compoſé que d’elles ſeules, qui ſont tellement mêlées enſemble, 15 qu’on ne ſçauroit deſigner aucune partie de ſa chair, aſſez groſſe pour eſtre veüe, en la|quelle chacun de ces trois vaiſſeaux n’ait quelqu’vne de ſes branches.

Il faut auſſi remarquer, que ces trois vaiſſeaux ont entr’eux de la difference, en ce que celuy dont 20 l’entrée eſt le ſifflet, ne contient iamais autre choſe que l’air de la reſpiration, & qu’il eſt compoſé de petits cartilages, & de peaux beaucoup plus dures que celles qui compoſent les deux autres ; comme auſſi celuy qu’on nomme la vene arterieuſe, eſt compoſé de peaux 25 notablement plus dures & plus épaiſſes, que celles de l’artere veneuſe, leſquelles ſont molles & déliées, tout de meſme que celles de la vene caue. Ce qui monſtre que, bien que ces deux vaiſſeaux ne reçoiuent en eux que du ſang, il y a toutesfois de la diſſerence, 30 en ce que le ſang qui eſt dans l’artere veneuſe ; n’y eſt pas tant agité, ny pouſſé auec tant de force, que celuy