qui eſt dans la vene arterieuſe. Car, comme on voit que les mains des artiſans deuiennent dures, à force de manier leurs outils, ainſi la cauſe de la dureté des peaux & des cartilages qui compoſent le goſier, eſt la force & l’agitation de l’air qui paſſe par dedans, 5 lors qu’on reſpire. Et ſi le ſang n’eſtoit point plus agité, quand il entre dans la vene arterieuſe, que quand il entre dans l’artere veneuſe, celle-là n’auroit point ſes peaux plus épaiſſes ny plus dures, que celle-cy. 10
xiv. Mais i’ay deſia expliqué comment le ſang entre auec effort dans la vene arterieuſe, à meſure qu’il eſt échauffé & rarefié dans la cauité droite du cœur. Il reſte ſeulement icy à dire que, lors que ce ſang eſt diſperſé dans toutes les petites branches de cette 15 vene arterieuſe, il y eſt refroidy & condenſé par l’air de la reſpiration ; à | cauſe que les petites branches du vaiſſeau qui contient cet air, ſont mêlées parmy elles en tous les endroits du poulmon ; & le nouueau ſang qui vient de la cauité droite du cœur dans cette 20 meſme vene arterieuſe, y entrant auec quelque force, chaſſe celuy qui commence à ſe condenſer, & le fait paſſer des extremitez de ſes branches dans les branches de l’artere veneuſe, d’où il coule tres facilement vers la cauité gauche du cœur. 25
Et le principal vſage du poulmon conſiſte en cela ſeul que, par le moyen de l’air de la reſpiration, il épaiſſit & tempère le ſang qui vient de la cauité droite du cœur, auant qu’il entre dans la gauche ; ſans quoy il ſeroit trop rare & trop ſubtil, pour ſeruir d’aliment 30 au feu qu’il y entretient. Son autre vſage eſt de con-