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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/130

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toire" avait été d’abord un philosophe, qui pensait que la vertu païenne suffisait, à la rigueur, et qu’on pouvait se sauver sans connaître ni aimer Jésus-Christ, « enfin que nous n’étions pas » moins redevables de notre salut à notre propre volonté, qu’au » secours et à la miséricorde de ce divin Sauveur ». — « Vous » me paraissez un pauvre chrétien, » lui disait en plaisantant son supérieur le cardinal de BéruUe. « Vous n’avez pas assez » de reconnaissance pour Jésus-Christ ; vous lui avez certaine » ment plus d’obligation que vous ne croyez[1]. » Mais nous

a. GiBiEUF (Guillaume), né vers iSgi, docteur de Sorbonne en i6ii, entra à l’Oratoire le i5 mai 1612, lors de la fondation. Il mourut au séminaire de Saint-Magloire, le 6 juin i65o. Son gros livre in-4o, De libertate Dei et creaturœ, parut en i63o ; il eut aussitôt un très grand débit. Les propos qui suivent sont empruntés à la Bibliothèque Oratorienne: Recueil des Vies de quelques prêtres de l’Oratoire par le P. Cloyseault, publié par le P. Ingold, t. I, p. 142-144.

  1. Bérulle (Pierre de), né le 4 févr. ib-jb, au château de Cerilly (près de Joigny-sur— Yonne); ordonné prêtre le 5 juin iSgg. Le 11 nov. 161 1, avec cinq autres ecclésiastiques de la Sorbonne, il fonda la Congrégation de l’Oratoire. Son but était la réformation du clergé, en réformant l’état de prêtrise:après la réforme des ordres religieux, celle des prêtres euxmêmes. Il fut créé cardinal, le 3o août 1627. La nouvelle lui parvint à Paris, le 12 sept.; et la cérémonie de ia remise du bonnet par la reinemère, se fit le mardi 26 oct. 1627. !’issista au siège de la Rochelle : l’entrée des troupes du roi eut lieu ic 3o oct. 1628. Le 12 janv. 1629, parut chez A. Estienne une Vie de Jefus du cardinal de Bérulle. Il fut pris d’une fièvre violente le jeudi 27— sept. 1629, et mourut le mardi suivant 2 octobre. — Voir la Vie du Cardinal de Bérulle, par l’abbé M. HoussAYE. (Paris, Pion, 3 vol. gd. in-8, 1872-1875.) L’auteur trouva aux Archives Nationales, parmi les papiers de Bérulle, MS. 233, une fin de lettre avec ces mots : « …Monlieur, Voftre bien humble & obcill’ant » feruiteur Descartes. De Bloys ce 4= odobrc 1614. » Fl il en conclut d’abord (t. III, p. SSq), que les relations entre le philosophe et le religieux remontaient à cette date. Mais, vérification faite : 1° rien ne rappelle dans ces quelques lignes ni l’écriture ni la signature du philosophe ; 2 » la date n’est pas 16 14, mais 1604 ; 3" cette lecture 1604 est confirmée par l’emploi du terme Monfieur ; en 1614, l’Oratoire était fondé, et on eût appelé Bérulle Mon Révérend Père. — Par contre, en 161 7, le premier président du Parlement de Bretagne, M. de Cusé, était un neveu de Bérulle. Ajoutons enfin qu’en 1646, Cerizy, que Descartes connaissait aussi, publia un Éloge du Cardinal de Bérulle, que Merseniie vanta fort à Constantin Huygens, au moins pour la pureté de la langue.

    Ajout de l’errata : Jean de Bourgneuf de Cucé, qui mourut le 5 juin 1636, était premier président du Parlement de Bretagne, depuis 1595. Il présida, en particulier, la commission spéciale pour le procès de Chalais, en 1626 ; Joachim Descartes, père du philosophe, membre de cette commission, en fut aussi le rapporteur : voir son rapport, S. Ropartz, loc. cit., p. 72-91. Ce Jean de Bourgneuf de Cucé était fils d’un René du même nom, qui fut lui-même premier président de 1570 à 1587. Et il avait un frère, Charles de Bourgneuf de Cucé, évêque de Nantes depuis 1598, qui mourut le 17 juillet 1617 ; il avait installé à Nantes, cette même année 1617, les prêtres de l’Oratoire au collège de Saint-Clément, et il leur légua sa bibliothèque.