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Période de Jeunesse, 97

du système. Ce fut là, certes, une déviation de la doctrine de Descartes; mais Malebranche, sans le savoir, revenait à la pre- mière pensée de Bérulle; et c'eût été une grande déception puur ce dernier, que notre philosophe, porté par l'élan naturel de son esprit, ne se soit pas montré tout d'abord aussi ortho- doxe en philosophie, que l'avait espéré le religieux.

En tout cas, Descartes suivit le conseil de Bérulle, lequel s'accordait trop bien avec ses dispositions personnel'es et ce que ses amis attendaient de lui. Ne le regardaient-ils pas comme le champion de la philosophie nouvelle, seul capable de prouesses contre les Géants de l'Ecole^? Au bout de ces neuf années, il était prêt à écrire enfin sa métaphysique,

» miner comme ils firent dans la fuite à la philofophie que M. Delcartes » devoit établir fur les principes dont il venoit de les entretenir. Le Car- >> dinal de Bérulle fur tous les autres [en marge : Clerfel. ibid.] goûta » merveilleufement tout ce qu'il en avoit entendu, & pria M. Defcartes » qu'il pût l'entendre encore une autre fois fur le même fujet en parti- » culier. M. Defcartes, fenlible à l'honneur qu'il recevoit d'une propofi- » tion fi obligeante, luy rendit vifite peu de jours après & l'entretint des » premières penfées qui luy étoient venues fur la Philofophie, après qu'il •> fe fût apperçù de l'inutilité des moiens qu'on emploie communément ■y pour la traitter. li luy fit entrevoir les fuites que ces penfées pourroient » avoir, fi elle-, étoient bien conduites, & l'utilité que le Public en reti- » reroit, fi l'on appliquoit fa manière de philofopher à la Médecine & à » la Mèchanique, dont l'une produiroit le rétablilTement & la conferva- « tion de la fantè, l'autre la diminution & le foulagement des travaux des » hommes. Le Cardinal n'eût pas de peine à comprendre l'importance » du delVein : & le jugeant très-propre pour l'exécuter, il employa l'auto- )• rite qu'il avoit fur fon efprit pour le porter à entreprendre ce grand » ouvrage. Il luy en fit même une obligation de confcience, fur ce » qu'ayant reçu de Dieu une force & une pénétration d'efprit avec des )i lumières fur cela qu'il n'avoit point accordées à d'autres, il luy ren- » droit un compte exac^ de l'employ de fc.. lalens. & feroit refponfable » devant ce juge fouveia'n des hommes du tort qu'il feroit au genre '• humain en le privant du fruit de fes méditations. [En marge : Clerfel. » ibid.] Il alla même jufqu'à l'alinrer qu'avec des intentions aulfi pures & » une capacité d'elprit aullî vafie que celle qu'il luy connoiiVoit, Dieu )j ne manqueroit pas de bénir fon travail & de le combler de tout le » fuccez qu'il en pourroit attendre. >• Baillet, t. I, p. 164-165.) a. Tome I. p. 570. 1. 28, à p. 571. 1. i.

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